Page d'André Varenne
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Toi, Trajan

Toi, Trajan
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Lino Rossi
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Disponible chez l'Harmattan

Toi, Trajan.
Treize entretiens avec un empereur païen au Paradis

Présentation

PROLOGUE

Qu'y a-t-il de plus incongru: une machine à coudre sur une table d'autopsie - chère aux surréalistes - ou un empereur romain païen, coulant des jours heureux au Paradis? Mettons-les à égalité, avec cette réserve que nous n'avons personnellement jamais vu de machine à coudre dans cette situation, tandis que cet empereur nous l'avons rencontré!...

Il est né le 18 septembre 53, à Italica, en Espagne et mort le 9 août 117, à Sélinonte en Cilicie, en Asie mineure. Son nom: Trajan - Marcus Ulpius Trajanus. Son règne: du 28 janvier 98 jusqu'à sa mort. Son surnom: Optimus - le Meilleur. Sa renommée: un des plus grands et plus illustres empereurs romains.

Et pourtant, qui le connaît aujourd'hui?

Les Auguste, Caligula, Claude, Néron, Hadrien - sans compter Jules César qui ne fut, lui, que consul - sont les vedettes des vitrines de librairies et des écrans cinématographiques ou télévisuels.

Rien de toute cette gloire pour notre ami Trajan!... Il ne survit guère que pour les touristes de la Ville éternelle, sous forme d'adjectif féminin, épithète d'un monument de la Rome antique. Trajan? Ah, oui, je vois, celui de la colonne Trajane!...

Oui, vous voyez bien!... Mais nous vous invitons à voir plus loin, à découvrir au fil des treize entretiens que nous avons eus avec lui, cet homme qui fut un souverain à ce point modèle que les sénateurs romains formulaient, lors de l'avènement d'un nouvel empereur, le voeu suprême qu'il fût encore "plus fortuné qu'Auguste et meilleur que Trajan!..."

Ce livre n'aurait pas été possible si nous n'avions bénéficié d'aides exceptionnelles, dont nous remercions:

RÉSUMÉ

Premier entretien: Aux feux de l'amour vrai.

Le Visiteur rencontre Trajan au parloir du Paradis. L'empereur lui raconte sa mort et sa crémation sur le rivage de Sélinonte en Cilicie. Puis, explicitant les vers de Dante de la Divine Comédie, il lui dit comment son premier amour a été à l'origine de sa rédemption miraculeuse: Trajan, couvert de gloire au crépuscule de sa vie, est arrêté par une vieille femme, qui s'accroche à la bride de sa monture et lui réclame justice pour le fils qu'on vient de lui tuer. Pris d'un étrange sentiment de compassion, il met pied à terre à la stupéfaction de son escorte et s'efforce de réconforter la pauvre femme. Mais elle s'échappe. Devinant soudain qui était cette femme et qui fut son fils, Trajan, bouleversé par l'émotion, poursuit à pied son chemin jusqu'à un village de Chrétiens sur la rive du Jourdain. "Je t'attendais", lui dit un vieil aveugle. "Continue à agir comme tu viens de le faire, avec humilité et compassion. Le royaume des cieux t'est ouvert..." Et il le baptise avec l'eau du fleuve, lui ouvrant ainsi la porte du Paradis.

Deuxième entretien: Un enfant dans le jardin des Hespérides.

Trajan revient sur son enfance à Italica, dans cette Bétique, riche terre andalouse, sur les rives du Guadalquivir à la pointe de l'Espagne. Sa famille, des colons italiens, s'y était fixée depuis plusieurs générations et y avait prospéré. Ce fut pour lui un vrai jardin des Hespérides où se conjuguaient la douceur de vivre, l'amour de sa mère, la haute figure d'un grand père humaniste et inventeur, ainsi que l'exemple d'un père, valeureux guerrier honoré par Vespasien, Titus, puis Domitien pour ses brillantes victoires sur les Juifs. Là, il partage ses jeux entre Cassius - fils d'un affranchi intendant de son père - et la soeur de celui-ci, dont il s'éprend.

Troisième entretien: Le temps des armes.

Trajan prononce en Syrie, à l'âge de 17 ans, le serment du légionnaire - le Sacramentum - cérémonie solennelle que préside son père, commandant de la Xème légion Fretensis et que Vespasien vient de faire consul et va nommer gouverneur de Syrie. Cassius prête ce même serment et va s'avérer un ami fidèle et irremplaçable. Il lui sauve la vie dans une embuscade tendue par les Juifs zélotes, près de Massada. Ce séjour en Syrie est - pour Trajan - celui de l'apprentissage du métier des armes.

Quatrième entretien: Du Rhin à Rome.

C'est la marche de Trajan vers le pouvoir suprême. D'Espagne où il commande à Legio la VIIème légion, Gemina, Trajan vole - en 89 - au secours de Domitien qui doit faire face à la rébellion de Saturninus, un général de l'armée du Rhin, qui vient de se faire proclamer empereur par ses troupes. La révolte matée, Domitien, reconnaissant, nomme Trajan légat de Germanie supérieure. Trajan rétablit l'ordre dans les légions et conquiert la popularité des soldats dont il partage, avec simplicité et courage, la vie. Informé par le clan espagnol de Rome du naufrage de Domitien dans la peur et la cruauté, il pressent que la route du pouvoir lui est ouverte et s'y prépare. Ainsi épouse-t-il Plotine, une jeune fille de Nîmes, belle et vertueuse. Domitien est assassiné. Les sénateurs, libérés de la peur, appellent au pouvoir, un des leurs, Nerva, âgé et malade. Empereur de transition, menacé par les fidèles de Domitien, il adopte le 28 octobre 97 Trajan qui devient ainsi co-empereur, puis empereur à la mort de Nerva le 28 janvier 98.

Cinquième entretien: Un programme pour Rome.

Trajan attend la fin de l'été 99 pour faire son entrée - sous un délire d'acclamations - dans Rome. Son programme: rétablir le prestige et la prospérité de Rome. Il fait revenir les philosophes proscrits par Domitien et libéralise la société. Pline le Jeune devient son conseiller et ministre de la propagande, attirant autour de l'empereur l'intelligentsia romaine. Les sénateurs sont honorés, les délateurs punis et Trajan n'hésite pas à présider personnellement les cours de justice. Il fait de l'assainissement de Rome une priorité, construisant des aqueducs, des égouts, des thermes. Il agrandit le Circus Maximus - où il donne des jeux fastueux - et lance, avec son génial architecte Apollodore de Damas, les travaux de son Forum. Rome devient un immense chantier. Mais le prestige de Rome ne peut se satisfaire de belle architecture! Il faut - aussi et surtout - effacer l'humiliation infligée par Décébale à l'armée romaine lors de la défaite de Domitien. Trajan prépare donc la guerre.

Sixième entretien: Décébale à genoux.

En mars 101, Trajan franchit le Danube, avec pour objectif la prise de la capitale de la Dacie, Sarmizégétusa (en plein coeur des montagnes de l'actuelle Roumanie). Cette première guerre des Daces est commentée à l'aide des panneaux sculptés de la colonne trajane, chef d'eouvre dû à Apollodore de Damas: franchissement du fleuve, cérémonies propriatoires, réception d'un ambassadeur des Bures, alliés des Daces, attaques romaines, capture des premiers prisonniers puis de la propre soeur de Décébale, mais échec devant la capitale et contre-attaque éclair des Daces en aval du Danube pour prendre les armées de Trajan à revers. La riposte foudroyante de Trajan met en déroute la cavalerie des Roxolans, alliés des Daces. Aidé par la cavalerie de montagne de son ami, le général maure Lusius Quietus, Trajan menace Sarmizégétusa. Décébale demande la paix, genou à terre devant son vainqueur. Trajan savoure son triomphe, Plotine à son côté, car l'impératrice le suit - et le suivra - dans toutes ses campagnes. A Rome, un grand triomphe l'attend et il reçoit le titre de Dacicus.

Septième entretien: Pour en finir avec Décébale.

Trajan consacre les trois années qui suivent - de 102 à 105 - à conforter son pouvoir sur Rome et à poursuivre ses grands travaux. Mais les Daces relèvent la tête, des partisans harcèlent les légionnaires et brûlent les récoltes plutôt que de les livrer à l'occupant. Le rusé Décébale reconstitue ses forces. Un nouveau conflit est inévitable: la deuxième guerre des Daces commence en 105. Trajan a préparé de longue date cette campagne par d'importants travaux logistiques, dont le gigantesque pont de Drobeta. Par une manoeuvre en tenaille, il s'empare de Sarmizégétusa. Décébale est capturé mais choisit le suicide plutôt que la reddition. En 106, cent trente jours de fêtes consacrent à Rome le triomphe de Trajan qui s'est emparé du fabuleux trésor des Daces. La Dacie devient province romaine, une nouvelle Sarmizégétusa est construite: Ulpia Traiana Augusta Dacica.

Mort de Décébale - Décébale, sur le point d'être capturé par Tiberius Claudius Maximus, refuse la grâce que celui-ci lui propose - le pouce levé - et se suicide. (Colonne Trajane; Lino Rossi)

Huitième entretien: La truelle et le fil à plomb.

Avec l'or des Daces, les grands travaux de Rome s'accélèrent. Trajan les commente pour le visiteur, et savoure son rôle d'architecte-bâtisseur qui couvre l'Europe de ponts, ports, aqueducs, temples et monuments. Délaissant le palais impérial du Palatin, il aime vivre dans cette oasis d'opulence et de calme qu'est sa villa de Centum Cellae. Il y met au point ses grandes réformes administratives, juridiques et sociales.

Neuvième entretien: La toge et le latin.

Trajan réforme l'annone et étend le bénéficie des allocations gratuites aux enfants plébéiens. Surtout, il lance l'institution des alimenta pour relancer l'agriculture et subventionner l'éducation des enfants pauvres. La stérilité de son union distend ses liens avec Plotine, laquelle n'a d'yeux que pour Hadrien, féru d'esthétisme et de culture grecque. Les femmes les plus proches de Trajan deviennent alors sa soeur Marciana et surtout la fille de celle-ci, Matidia, qui cache mal le sentiment qu'elle éprouve à son égard. Hélas! il est son oncle et Grand pontife de la religion romaine...

Dixième entretien: Les dattes fraîches de Pétra.

Trajan fait un retour en arrière pour peindre son ami Lusius Quietus, chef de guerre maure, audacieux stratège et grand amateur de femmes. Il raconte leur rencontre en Syrie, puis le voyage qu'ils firent en Arabie pétrée, la visite chez un riche marchand nabatéen et la façon dont ils lui ravirent deux paniers de dattes fraîches et deux de ses quatre femmes!... Mais de ce voyage, Trajan a retenu surtout l'intérêt stratégique de Pétra pour le commerce avec l'Orient qui le conduit en 106, de retour de la victoire des Daces, à annexer l'Arabie pétrée. Il réalise ainsi le vieux rêve romain de dominer du Caucase à la mer Rouge. Il avance aussi de ce fait un pion dans son plan de s'emparer de l'empire des Parthes. Une sourde lutte d'influence va alors s'installer dans son proche entourage entre deux clans: celui des généraux qui rêvent d'en découdre avec ces ennemis héréditaires que sont les Parthes, et celui des "pacifistes" - conduit par Hadrien, appuyé par Plotine - pour qui l'empire doit être consolidé dans les frontières d'Auguste. Mais Trajan poursuit patiemment son plan et met en place les éléments de sa stratégie orientale. Pline le Jeune, qu'il a nommé en Bythinie, l'informe des progrès fulgurants que les Chrétiens font dans toutes les classes de la société. Quelle conduite faut-il adopter?

Onzième entretien: un hiver à Antioche.

C'est l'entrée en guerre contre Chosroès, roi des Parthes. Trajan fait l'historique de la rivalité entre les deux empires et du prétexte de la guerre: Chosroès a mis sur le trône d'Arménie son neveu Parthamasiris sans l'agrément de Rome, violant ainsi l'accord conclu avec Néron en 63.Trajan part pour la guerre le 27 octobre 113. Il passe l'hiver 113-114 à Antioche pour concentrer ses troupes, s'empare sans résistance de l'Arménie au printemps 114. En 115, la Mésopotamie tombe aux mains des troupes romaines. Trajan s'installe à Antioche pour l'hiver. Il y échappe de justesse à la mort le 13 décembre 115 quand un terrible tremblement de terre détruit la ville. Ce séisme a semé le trouble dans les armées romaines, la population y voit un courroux des dieux et se venge sur les Chrétiens. Trajan laisse faire... Plotine et Hadrien supplient Trajan de ne pas poursuivre la guerre.

Douzième entretien: La fille du roi des rois.

Trajan fait reconstruire Antioche mais poursuit son objectif: terrasser Chosroès. Il s'empare de sa capitale Ctésiphon, du trône d'or de Chosroès et de la fille de ce dernier. Mais le roi des Perses lui échappe. A la tête d'une flottille, Trajan descend le Tigre et réalise son rêve: atteindre le golfe Persique. La route des Indes lui est ouverte... Mais une rébellion judéo-parthe s'allume en Mésopotamie. Elle est cruellement matée par Lusius Quietus. Bientôt, de violentes révoltes juives menacent l'occupation romaine en Cyrénaïque, en Égypte et à Chypre. Trajan donne ordre à ses généraux de les écraser. Malgré un épisode d'hémiplégie passagère, la combativité de Trajan reste intacte et il décide de s'emparer de Hatra, citadelle importante sur la route de Ctésiphon à Cingara. Un siège épuisant commence alors en plein désert. Hatra résiste, Trajan échappe par miracle à la mort. Il se résigne à lever le siège et à retourner à Antioche, non sans avoir fait à ses troupes un serment solennel: "Je reviendrai!"

Treizième entretien: Je reviendrai!

Âgé de 64 ans, Trajan fait un retour pénible à Antioche, assailli de troubles divers qui lui font croire qu'on cherche à l'empoisonner. Matidia le soigne, partage sa nourriture, l'apaise. Dans cet ultime entretien, pressé par le Visiteur, Trajan livre le fond de ses pensées sur la religion romaine dont il est le Grand pontife, sur la liberté des moeurs, sur les Juifs et les Chrétiens, sur ses projets de poursuivre sur la route des Indes quand il reviendra guéri de Rome. Ses dernières paroles sont pour revivre sa mort, à Sélinonte de Cilicie, et dire son amour de la vie...